Les selfies : un autoportrait ou une crise de narcissisme ?

Nos appareils photos sont de plus en plus truffés de clichés de nous-même, pris (justement) par nous-même, que ce soit en vacances avec la plage en arrière plan, ou lors d’une soirée entre amis. Ces clichés, appelés selfies sont un bon moyen de marquer le coup et de se créer des souvenirs lorsque personne n’est dans les environs pour prendre une photo.
Cependant, ces seflies sont parfois controversés; certaines photos étant jugées compromettantes ou inappropriées. Depuis 2012, le mot selfie a été utilisé plus d’une dizaine de milliers de fois sur les réseaux sociaux comme Instagram, Twitter, etc. Pourtant les selfies sont les clichés qui agacent le plus les internautes sur la toile. D’après eux, les selfies ne sont qu’un concentré d’égocentrisme et de narcissisme. Alors comment ces selfies peuvent être si populaires dans le monde ? Pourquoi le selfie fait-il autant parler de lui ? Est-ce dû aux polémiques entraînées par certains clichés ou plutôt au développement des pratiques photographiques et technologiques qui participent à l’évolution de la société ?

Du premier selfie répertorié en 1913, à nos jours, nous allons voir d’où vient ce phénomène et quels en sont les conséquences, notamment du point de vu social.

Le dictionnaire du selfie

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Après le « simple selfie » des dérivés de ce dernier ont vu le jour:

photobomb : Photographie dans laquelle quelque chose ou quelqu’un ne correspond pas au sujet principal. C’est par exemple le cas d’une photo de famille où, en arrière-plan, quelqu’un grimace.

belfie : selfie qui consiste à mettre son postérieur en avant.

Helfie : selfie qui consiste à montrer sa nouvelle coupe de cheveux.

delfie : selfie pris lors d’un enterrement ou de funérailles

welfie ou working-out selfie : selfie pris pendant une séance de sport

drelfie : selfie que les individus font lorsqu’ils sont en état d’ivresse

bookshelfie : selfie que l’ont fait devant une bibliothèque

D’autres termes clés:

Followers : internautes qui suivent un profil et/ou les actualités sur internet rattachés à ce profil. En général, le terme follower est un terme utilisé sur les réseaux sociaux Twitter/Instagram.

Hashtag : principalement utilisé sur les réseaux sociaux afin de centraliser les messages autour d’un terme bien précis. Il fait office de mot-clé.

Un Self(ie)-portrait

 

 

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Mais qu’est ce qu’un selfie ? D’après l’encyclopédie de la webculture, le selfie est le principe de se prendre en photo avec un téléphone portable ou un appareil photo, dans lequel l’angle est généralement une plongée à hauteur de bras et le regard fixe l’objectif (d’après Titiou LEQUOQ). Le selfie est un type d’autoportrait « post-moderne », et la personne prenant des seflies est nommée un selfise. Le principe est de se prendre en photo soi-même ( self = soi en anglais).
Le mot selfie a été désigné mot de l’année par le dictionnaire d’Oxford en 2013, et est rentré en 2015 dans Le Petit Robert. Ce mot est apparu pour la première fois en 2002 sur un forum de discussion australien.
En 2012-2013, l’utilisation du mot selfie a augmenté de 17000% en un an. Les recherches sur le moteur de recherches Google relatives aux selfies sont passées de 10 à 100 par jour en environ un an. En 2013, sur Twitter, l’emploi du hashtag  #selfie a augmenté de 200 %.

Les raisons de la prise d’un selfie peuvent être diverses, il peut s’agir d’immortaliser un bon moment, de se remémorer un moment drôle, un moment où l’on est bien habillé, bien coiffé… Il s’agit alors de garder un souvenir de moments simples du quotidien, tout comme d’événements importants.
Le selfie est désormais une pratique qui touche les personnalités politiques, les acteurs, chanteurs, sportifs… La pratique du selfie est par ailleurs «une pratique qui vient d’en bas et pas d’en haut», le public étant le «bas» et les célébrités étant le «haut». Cela transforme alors le selfie en «lisseur social», qui met tous ses adeptes au même rang, quel que soit leur catégorie sociale.
Cependant, bien que le phénomène du selfie soit récent, il est avant tout lié à l’évolution de la photographie et des ses procédés. En effet, il s’est développé avec l’évolution des technologies, notamment avec l’Iphone 4 d’Apple  qui a été l’un des premier à posséder une caméra frontale (une caméra du coté de l’écran). Les smartphones possède une qualité de plus en plus performante sur le point de la caméra frontale, ce qui en fait un nouvel argument marketing quant à la vente de smartphones. Cet argument de vente est agrémenté de fonctionnalités qui créent de la concurrence entre marques. Ainsi, la marque LG a développé un système permettant de déclencher une photo en serrant le poing, HTC a développé le même système mais qui permet de déclencher une photo avec la voix ou le sourire, ou encore Sony qui a ajouté des effets visuels pour animer les clichés. C’est donc une course à l’innovation (création d’un nouveau produit ou offre d’une nouvelle prestation commerciale ou de service) de la part des marques, soit « qui sera le plus performant en matière de selfie ? ». Certains smartphones mettent en avant leur «modèle grand angle spécial selfies», et il existe de nombreux accessoires comme des télécommandes permettant de déclencher à distance une photo, ou encore de longs manches sur lesquels s’accrochent le portable, etc afin de permettre aux utilisateurs une facilité en matière de prise de selfies.
Les réseaux sociaux ont également favorisé la médiatisation du selfie, comme par exemple Instagram, Snapchat… En effet, plus de 56 millions de selfies sont recensés sur Instagram avec le hachtag #selfie.
L’ancêtre du selfie est l’autoportrait, bien que ce dernier relève d’une démarche artistique préparée occasionnelle et nécessitant un certain talent, contrairement au selfie qui est spontané et à la portée de tous. Des artistes renommés ont réalisé leur autoportrait, comme notamment Vincent VAN GOGH en 1889 ou encore Frida KAHLO en 1940. Cette démarche artistique préparée à l’avance par un artiste a pour but de se faire reconnaître, la photographie (dispositif optique permettant la création d’une image à partir d’un processus chimique) n’existant pas ou étant très peu accessible pour certains à l’époque.

autoportrait                                                  Autoportrait de Vincent VAN GOGH (1889) 

frida-kahlo-autoportrait-au-collier-d-epines-1940                                                      Autoportrait de Frida KAHLO (1940) 

Dès la Renaissance, les peintres italiens utilisaient des appareils optiques qui permettaient de projeter sur une surface une image d’un paysage ou d’un objet. C’est le début d’utilisation de la chambre noire, ancêtre des appareils photos. Celle-ci est constituée d’une boîte fermée étanche à la lumière, dont une des faces est percée d’un tout petit trou. L’image inversée d’un objet éclairé placé à l’extérieur devant le trou se forme alors sur la paroi opposée.
Les découvertes par les alchimistes du Moyen Âge concernant l’action des rayons lumineux sur une surface sensible furent suivies aux XVIIème et XVIIIème par diverses recherches complémentaires.
En 1839 est inventé le daguerrotype, c’est-à-dire le fait de produire une image sans négatif sur une surface d’argent pur, polie comme un miroir, exposée directement à la lumière représente une importante évolution quand à la photographie.
La première photographie (qui représentait un paysage)a été réalisée en 1824 par Joseph Nicéphore Niepce, un ingénieur français, qui a entrainé une expansion importante de la pratique au XIXème siècle.
L’invention de l’appareil photo date de 1888 avec l’appareil « Brownie » de Kodak.
Entre la Grande Dépression, due au krach boursier de 1929, et la seconde guerre mondiale, la photographie a apporté une vision réaliste et sans détour du désastre social et des atrocités vécues sur le front, permettant ainsi d’en garder une trace historique. L’invention de la photographie en couleur date de 1935 avec l’apparition de filtres couleurs. En 1948, l’innovation du polaroïd permet un développement instantané des photographies. En 1986, l’appareil photo jetable apparaît, et l’appareil photo numérique est créé dès la fin des années 1990, représentant alors une grande innovation qui banalise la photographie car les photos peuvent être retouchées, effacées et reprise autant de fois que necessaire, ce qui s’oppose à la photographie traditionnelle spontanée. L’appareil photo est alors de plus en plus commercialisé. La marque Kodak (qui a inventé le premier appareil photo en 1888) est restée une des leaders sur le marché de l’appareil photo, suivie par Nikon, Canon ou encore Fuji. De plus l’utilisation des photomatons, créés au début du XXème siècle à usage administratif pour les photos d’identité, est désormais détournée pour la prise de clichés personnels, en quelques sortes pionnier des selfies.
Par ailleurs, malgré une augmentation de la prise de clichés par les individus, les ventes de Smartphones concurrencent le marché des appareils photos, ayant vu ses ventes diminuer au fil des ans, notamment de 30% en 2013 à cause du développement des Smartphones. Le marché (lieu réel ou fictif où se rencontrent offreur et demandeur dans le but d’échanger un bien ou un service à un prix donné) de l’appareil photo est donc en pleine mutation et plusieurs analystes prévoient la disparition à moyen et long terme des appareils photos reflex, au détriment des smartphones et autres appareils de moins bonne qualité. Les marques ont tenté de s’adapter à cette évolution, comme par exemple Nikon qui a développé un appareil photo compact visant un public plus jeune. Celui-ci possède un écran tactile amovible orientable afin de prendre des photos à bout de bras (donc adéquat pour la prise de selfies), ainsi qu’une possibilité de transfert rapide des photos vers les smartphones, permettant ainsi un partage instantané sur les réseaux sociaux. Cependant, il est évident que les selfies restent spontanés, donc plus affiliés aux smartphones. Le fait de sortir un appareil photo est donc moins spontané, qui pose ainsi des limites au succès de cet appareil photo. Les fabricants d’appareils photos s’adaptent donc au marché concurrentiel des smartphones, le marché de l’appareil étant alors en mutation.
Un des premiers selfies a été celui de  la grande-duchesse Anastasia Nikolaïevna en 1913 alors qu’elle avait 13 ans. C’était la fille du Tsar Nicolas II de Russie, et elle a été fusillée par les bolcheviks lors de la révolution russe à l’âge de 17 ans (en 1918). Son l’histoire a été de nombreuses fois reprise, notamment pour la légende de sa survie à la fusillade. Dans ce cliché, la grande-duchesse se prend en photo devant un miroir avec un appareil photo. Cette pratique caractérise le début de la prise des selfies.

2204-anastasia                                         Selfie de la Duchesse Anastasia de Russie,1913.

 

L’entré dans les moeurs

De nos jours les selfies prennent de plus en plus d’ampleur dans la société. Ce phénomène empiète sur certaines normes et valeurs qui constituent la société actuelle. Dans cette partie nous allons nous intéresser aux polémiques qui émergent de ce phénomène, ainsi qu’à l’utilisation des selfies pour la publicité des marques, mais aussi des célébrités qui cherchent à se montrer et partager ces clichés avec leur public.
Lors du pèlerinage d’octobre 2014 à la Mecque, en Arabie Saoudite, une polémique a éclaté en lien avec le phénomène du selfie. En effet, de nombreux pèlerins ont pris des selfies dans les rues de la ville, devant des sites sacrés musulmans, et les ont publié sur les réseaux sociaux. Ainsi le hashtag #hajjselfie  a été utilisé plus de 2000 fois en deux jours selon les chiffres de TOPSY (qui analyse les réseaux sociaux en temps réel). La plupart des fidèles, utilisent et déclarent que cette pratique leur permettent de rester en contact avec leur famille et de pouvoir se souvenir de cet événement auquel ils participent.
Amir Marouf, un architecte égyptien considère ce phénomène comme inoffensif. Ainsi il explique : « le Hadj est généralement considéré comme quelque chose de très sérieux, réservé aux gens plus âgés. Mais les selfies le rendent à nouveau « cool », référence au fait que ce sont souvent les jeunes qui prennent des selfies, mais pas que. Ce phénomène est pourtant contesté par les autorités religieuses musulmanes. Interrogé par l’AFP (l’agence France presse), un professeur de théologie à Ryad au Maroc ne voit « pas de problème si les photos sont destinées à l’usage personnel et non à une large diffusion ». Cependant il ajoute: « Si l’objectif est de se glorifier, elles sont illicites, notamment celles prises pendant les rituels du hajj ».
Deux camps se créent alors: les fidèles pour et les fidèles contre.
Ces derniers se sont exprimé. Ainsi, un fidèle raconte avec un sentiment d’injustice « Quand il a effectué la Omra (petit pèlerinage) au milieu des années 1990, mon père a failli se faire confisquer sa caméra aux cris « haram » (illicite), alors que maintenant tout le monde fait des selfies ».
Un autre déclare : « Le Hajj est un dépassement de soi. Les selfies n’apportent rien »
De plus, les conservateurs n’ont pas été les seuls à être irrités. Les internautes, premiers spectateurs du phénomène sur les réseaux sociaux ont qualifié de « malsain » le fait d’avoir un téléphone ou un appareil photo dans l’enceinte d’une mosquée, car cette pratique pourrait détourner les pèlerins de l’objectif principal de l’événement.
France 24 a déclaré que les autorités saoudiennes ont décidé d’interdire la prise de photo et de vidéos dans les lieux saints. Si cette règle n’est pas respectée l’appareil se verra retiré.

Selfies-La-Mecque-1280                 Quelques selfies pris par des pèlerins lors du pèlerinage à la Mecque, 2014.

Autre cas, aux Pays-Bas, cette fois-ci. Lors des élections municipales du 19 mars 2014, le hashtag #stemselfie (« stem » signifiant « vote » en Néerlandais) est crée puis lancé sur les réseaux sociaux. Ainsi, hommes et femmes politiques néerlandais se sont pris en photo dans l’isoloir, comme le président centriste Alexander Pechtold. De ce fait, le ministère de l’intérieur a officiellement interdit les selfies dans les isoloirs. Pourtant, aucune contre-indication ne semblait interdire les interdire aux premiers abords. Le porte parole du ministre de l’Intérieur Ronald Plasrerk  a en effet reçut de nombreux appels de la part des citoyens pour demander si les selfies étaient autorisés ou non lors des votes municipaux. Celui-ci a déclaré « ces personnes demandent si cela est interdit car c’est à la mode ». Malgré tout, cette pratique est devenue illégale dans de nombreux pays lors de votes officiels, comme aux États-Unis, aux Philippines, etc.

BjFLVpgIQAEJqnrSelfie de l’homme politique néerlandais Alexander Pechtold.

BjHI9e3IUAAz06wSelfie d’une électrice néerlandaise.

En France un cas similaire a été observé lors du premier tour des élections municipales de 2014. Les internautes français ont posté leurs selfies dans les bureaux de vote sur Twitter. Comme aux Pays-Bas, cela n’est pas illégal mais l’article L-62 du code électoral « doit se rendre isolément dans la partie de la salle aménagée pour le soustraire aux regards pendant qu’il met son bulletin dans l’enveloppe » indique clairement que les votes effectués sont censés être personnels et non à vue des autres. Ainsi les présidents des différents bureaux de vote ont eu pour règle d’exclure toute personne qui troublerai l’ordre public, et dans le cas présent, qui prendrait des selfies dans l’enceinte du bureau de vote, son vote devenant ainsi public.

a-SELFISOLOIR-640x468Selfies d’électeurs français  

En Belgique lors d’une manifestation nationale qui a dégénéré, deux jeunes manifestants ont été photographiés alors qu’ils  prenaient un selfie devant une moto de police préalablement mise en pièce et brûlée. Ils ont par la suite posté ce selfie sur les réseaux sociaux.

783764403_B973989750Z.1_20141106180144_000_G383E4ISK.1-0Photo prise par les médias des deux individus prenant un selfie.

Ces différentes polémiques peuvent alors être considérées comme des actes de déviance, soit des individus qui transgressent les normes et les valeurs de la société faisant ainsi appel à des sanctions négatives. Prenons l’exemple de la photo des manifestants : nous pouvons dire que ces deux individus font un « pied de nez » au contrôle social imposé par la société. Cet acte est donc un acte de provocation, la moto du policier représentant l’autorité. Les manifestants, en y mettant feu, ont voulu revendiquer cette incivilité (comportement qui dérange, manque de respect vis-à-vis d’autrui, blesse moralement et qui n’est pas punis par la loi) qui tend vers la délinquance (crime et délit définit par la loi/code pénal).
D’autres individus, ne se rendent pas compte de ces actes qui transgressent les normes de la société (cf: selfie lors des élections municipales) en voulant obstinément suivre une « mode », et ce par exemple au détriment de la démocratie (vote qui n’est plus secret).
Le selfie prend alors de plus en plus de place dans la société, dans la vie quotidienne ou à des événements plus officiels comme le pèlerinage de la Mecque, à des élections … Ainsi, les individus en oublient qu’il y a certains endroits où il ne vaut mieux pas prendre de selfies car ce serait contraire aux mœurs (règles morales) comme par exemple à des enterrements ou commémorations (cf : le selfie de Barack Obama en compagnie de David Cameron et de la Première ministre danoise, Helle Thorning-Schmidt lors de l’hommage à Nelson Mandela à Soweto en Afrique du Sud). Certains selfies sont jugés irrespectueux (cf : les selfies dans ou devant les sites sacrés). Considéré comme un acte de provocation ou défiant la loi à certains moments, les gouvernements n’hésitent pas à interdire les prises de selfies dans certains lieux, pour rétablir l’autorité et donc le contrôle social (ensemble des processus visant à rendre les comportements conforment à la société). Cependant, dès lors que les « symboles » d’autorité eux-mêmes transgressent ces normes et valeurs de la société, le cadre d’autorité se modifie, et les individus se permettent d’enfreindre les règles.
Le 24 juillet 2014, la reine d’Angleterre Elizabeth II est apparue involontairement dans le selfie de deux jeunes sportives australiennes lors d’une de leur séance d’entraînement. Les deux amies étaient surprises de l’intrusion de la reine dans leur photo. On appelle ce phénomène un «photobomb».

Queen-Elizabeth-II-Photobomb-Picture « Photobomb » de la reine Elisabeth II

SAFRICA-MANDELA-MEMORIAL Barack Obama prenant un selfie pendant l’hommage à Nelson Mandela, 2013.

La pratique du selfie n’a donc aucune limite et met en danger certains principes et valeurs fondamentales de la société.
Les individus anonymes ne sont donc pas les seuls à choquer par leur selfie inattendu, les célébrités s’y mettent aussi.
En ce sens,  les selfies sont entrés dans les mœurs. Cette pratique est devenue universelle. Ainsi, les personnalités politiques, du cinéma, de la musique, du sport etc. prennent part à ce phénomène.
Ces célébrités s’y mettent afin de devenir encore plus populaires et de toucher de plus en plus de public, explique André Gunthert, enseignant chercheur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Le selfie est ainsi devenu  un lisseur social utilisé par de plus en plus de monde . Avec les selfies, se sont dorénavant les individus issus de la classe sociale populaire et moyenne qui véhiculent les normes et comportements à adopter au sein de la société, et les célébrités les imitent.
De nombreux réseaux sociaux sont exploités par les célébrités tel que Instagram, Facebook, Twitter, etc.  Ces célébrités utilisent, et parfois abusent des selfies pour promouvoir leur image. Ainsi, elles peuvent en temps réel  informer leurs followers de leurs moindres faits et gestes. Cette pratique représente une véritable aide en matière de publicité car chaque selfie publié attire quotidiennement des milliers de fans. Par exemple la chanteuse Rihanna, une des célébrités des plus actives sur les réseaux sociaux, publie deux à trois photos d’elle-même par jour, avec 8 millions de vues chacune. Les selfies et leur publication sur les réseaux sociaux permettent ainsi aux célébrités de contrôler leur image, en choisissant « la » photo à publier, c’est à dire des selfies avec un angle et une position bien réfléchis en opposition avec les photos prises par les paparazzis, qui ne les avantagent pas forcement.

photo 1                                              photo 2
       Selfies de Rihanna postés sur son compte Instagram, avec un nombre important de « j’aime ».

Un lien virtuel entre ces célébrités et leurs fans se créé alors, et cela fidélise les fans. Plus les selfies postés plaisent, plus les individus vont s’abonner au compte de la célébrité en question. Les célébrités sont considérées comme « populaires » lorsqu’elles ont un nombre important de followers, c’est la raison pour laquelle elles font leur promotion à travers ces clichés.
Dans le domaine politique, la pratique des selfies est aussi avantageuse et une forme de marketing. Par exemple, Nadine Morano ( femme politique française, membre de l’UMP et ancienne députée de Meurthe-et-Moselle) a posté près de 218 photos sur Instagram, et en grande partie  des selfies. Elle se considère comme « une accro du selfie » en se mettant en scène puis en publiant ses selfies sur les réseaux sociaux.

964040-carla-bruni-et-nadine-morano-un-selfie-580x0-2 Un des nombreux selfies de Nadine Morano en compagnie de Carla Bruni.

Un autre cas de personnalié politique: Jean-Marc Ayrault (actuellement député et ancien premier ministre français) qui a été critiqué pour ses choix et décisions politiques; a mis en ligne un selfie de lui en train de célébrer l’adoption de la nouvelle loi d’accès au logement avec Cécile Dufflot (ancienne ministre du logement et de l’égalité des territoires). Le selfie étant un lisseur social et un outil de marketing, nous pouvons dire que ce selfie était un moyen pour Jean-Marc Ayrault de reconquérir les français et d’améliorer son image.

Capture-d’écran-2014-02-21-à-10.10.41Selfie de Jean-Marc Ayrault posté sur son compte twitter en compagnie de Cécile Duflot.

Plus récemment, à l’occasion de l’élection de Miss France 2015, les Miss prenaient un selfie à la fin de chacune de leur prestation; et de nombreux selfies ont été pris durant la cérémonie autant par les candidates que par les invités (célébrités ou non), puis postés sur les réseaux sociaux. Cela a permis à la chaîne de diffusion TF1 d’attirer des milliers de téléspectateurs, et de créer de vives réactions sur les réseaux sociaux.

Sylvie-Tellier-et-les-33-pretendantes-au-titre-de-Miss-France-2015-le-10-novembre-2014_exact1024x768_lSelfie des miss lors de l’élection Miss France 2015.

Les selfies présentent un atout non négligeable pour les célébrités qui souhaitent améliorer leur image ou tout simplement étendre leur notoriété dans le monde, et ainsi toucher de plus en plus de public en suivant « une mode ». Cependant, les célébrités ne sont pas les seules à utiliser cet atout pour faire leur publicité et se faire connaître.
Ainsi, un véritable business se créé autour du phénomène du selfie. Développement d’applications basées sur le selfie, réseaux sociaux, tutoriels sur internet pour prendre « le selfie parfait », coup de publicité de diverses marques afin de promouvoir leurs nouveaux produits etc.
Une série télévisé américaine nommée SELFIE a été créée par Emily Kapnek, et a été diffusée à partir du 30 septembre 2014 sur la chaîne américaine ABC. Elle met en scène Eliza Dooley, une jeune femme qui  veut devenir célèbre en utilisant les réseaux sociaux, et surtout en postant des selfies sur Instagram. Cette série met en avant l’image stéréotypée de la pratique du selfie. En effet, l’héroïne de la série est superficielle, elle pense que le plus important est d’être populaire sur les réseaux sociaux avec ses selfies. Elle fait ainsi l’amalgame entre « followers » et « amis », c’est à dire qu’elle confond sa « vie virtuelle » et sa « vie réelle ». C’est le reflet d’une réalité sociale, notamment chez les jeunes.

 

 

                                                                         trailer SELFIE

L’application Snapchat, lancé en septembre 2011 par deux jeunes étudiants de l’université américaine  Stanford, est l’une des premières application qui se base sur les selfies. Le but étant d’envoyer des « photos éphémères » (la plupart du temps de soi, donc des selfies), à ses contacts sur un temps limité de 1 à 10 secondes. Aujourd’hui des milliers d’utilisateurs se servent de cette application, et cela est devenu pour eux une habitude . De ce fait, nous allons observer les évolutions de l’application.
Depuis sa création l’application a été téléchargée plus d’une dizaine de milliers de fois. Ainsi, en janvier 2013, le site Techcrunch nomme l’application « la start-up » (jeune entreprise à fort potentiel de croissance et qui fait la plupart du temps l’objet de levée de fonds) qui a le plus crû dans l’année 2012. Ceci peut s’expliquer par le fait que l’application s’est développé au même moment que les selfies. La prise de selfie s’est développée à partir de 2012 et l’application Snapchat a été lancée fin 2011.
Avec un succès sans précédent, les créateurs de l’application ne tardent pas à faire 50 millions de dollars avec une valorisation (hausse de la valeur marchande d’un produit ou d’un service, provoquée au moyen de manœuvres volontaires ou, éventuellement, par une mesure légale) de 2 millions de dollars. Cette valorisation est d’autant plus importante que le nombre de téléchargements et le nombre d’échanges entre les utilisateurs.
Ainsi les créateurs ont pu recruter plus de 50 collaborateurs.
L’objectif principal du réseau social est donc de maintenir son développement et sa croissance au niveau du nombre de téléchargements et des échanges entre les utilisateurs.
En décembre 2012, 50 millions de photos (dits snaps) ont été comptabilisés, 200 millions en juin 2012 et 400 millions en décembre 2012. Un chiffre qui augmente de façon impressionnante. Cependant ces chiffres peuvent être remis en question sachant que seuls les snaps reçus sont pris en compte et non ceux envoyés, un individu pouvant envoyer un même cliché à plusieurs de ses contacts. Evan Spiegel, co-fondateur de l’application, s’est exprimé en expliquant que « seul 12% des messages sont destinés à plusieurs personnes »: on ne peut donc pas prendre en compte un même snap envoyé plusieurs fois.
C’est le principe des photos éphémères qui séduit aussi les utilisateurs car c’est une innovation qui permet à l’application de se différencier des réseaux sociaux concurrents comme Facebook, Instagram, etc qui sont assez critiqués sur l’aspect définitif des publications ainsi que le pouvoir de juger et observer le comportement de chaque utilisateurs (fiche du profil comportant de nombreuses informations comme les intérêts personnels, adresses e-mail, etc.)
Ce principe permet aussi de toucher une communauté d’utilisateur relativement jeune (18ans en moyenne) qui ne préfèrent pas laisser des photos d’eux en mauvaise posture sur des réseaux sociaux comme Facebook. Nous revenons alors à la fonctionnalité du selfie que donne les jeunes: un moyen de créer des souvenirs du moment présent comme lors d’une soirée par exemple. De ce fait, de nombreux [anciens] utilisateurs de Facebook ne jurent plus que par Snapchat pour communiquer directement et constamment avec leurs groupes de pairs. Snapchat procure ainsi un sentiment d’intimité qui fait défaut à Facebook.
Un récent sondage a été effectué auprès de 127 utilisateurs de Snapchat révèle :
àque plus de 60% de ces personnes envoient principalement des selfies amusants
à14% de ces personnes avouent avoir déjà envoyé des snaps à caractère sexuel
àle reste des personnes avouent espérer que leur snaps soient conserver via une capture d’écran (une limite de cette application est la possibilité d’effectuer une capture d’écran, rendant alors le cliché censé être éphémère permanent)
Cependant, malgré un succès flagrant, l’application ne génère aucun chiffres d’affaire (montant total des encaissements sans frais ou tout simplement tout l’argent rentrant dans les comptes de l’entreprise). En effet, le co-fondateur Evan Spiegel a même refusé deux offres d’achat en novembre 2013 proposé par Facebook et une autre de la part de Google qui serait d’un montant de plus de 3 milliards de dollars. Les fondateurs préfèrent subvenir à leurs besoins grâce au nombre de téléchargements et grâce à des partenariats comme la diffusion de photos d’événements culturels, sportifs, etc (match de football américain, festivals …par exemple).
L’application fait aussi de nombreuses mises à jour qui tendent à ne pas s’enfermer sur la fonctionnalité principale et à innover afin de ne pas lasser les utilisateurs: prendre des photos éphémères (et notamment des selfies). C’est innovations permettent désormais aux utilisateurs d’envoyer des messages, de se tenir au courant de l’actualité,etc. Ces mises à jour ont pour but d’insérer les selfies dans la vie quotidienne des individus.
Le selfie est également un atout pour les marques, notamment pour des actions marketing. Il offre en effet de nombreux bénéfices en termes de storytelling visuel (communication visuelle dans des formes qui peuvent être lues ou regardées) et de brand value (valeur de la marque). Cependant, comme n’importe quelle tendance, elle pourra être remplacée par un modèle nouveau, une innovation. Le succès d’une action marketing est dû à plusieurs facteurs notamment à l’innovation, aux messages et surtout à l’originalité. Ces facteurs peuvent ainsi avoir des rôles importants dans la réalisation de ce succès (cf : snapchat). Désormais, les marques ont donc compris que le selfie s’impose comme un média à part entière qui a généré son propre business, s’en servant ainsi comme moyen de communiquer un message de manière ludique, ce qui va donc attirer le consommateur.
La marque Microsoft en est un bon exemple, puisque pour promouvoir son nouveau smartphone le Lumia 730, elle a décidé de réunir 1,151 personnes pour prendre le plus grand selfie du monde. Ce n’est pas n’importe quel smartphone que la marque a décidé de choisir pour ce selfie géant. Le Lumia 730, appelé Selfie-phone, est spécialement conçu pour pouvoir faire des « selfies parfaits ». Il possède une caméra frontale et est dotée d’un grand angle, de 5 megapixels et d’une application dédiée aux selfies. De plus, la publicité télévisée met en avant cet atout qu’offre le «smartphone idéal» pour les « selfies addict ».

 

Publicité pour le nokia lumia 730

 

big-selfie Résultat du « plus grand selfie du monde » pris avec le nouveau Nokia Lumia 730.

Quand à la marque L’Oréal Paris, spécialisée dans les cosmétiques, a décidé de lancer une application, nommée MakeupGenius, gratuite pour une visée optimale, permettant à ses utilisatrices (la cible étant les femmes), et potentiels clientes L’Oréal, de tester virtuellement  les produits de la marque (rouge à lèvre, mascara, fond de teint,etc.) grâce à la caméra frontale de leur smartphone. La marque a développé un fonctionnalité permettant de publier directement depuis l’application son selfie sur les réseaux sociaux. Un #MakupGenius a été créé pour l’occasion. Cette application est ainsi est inspiré du phénomène des selfies.

BrandPage_MakeupGenius_PRODUCT  Application Make-up Genius.

Leroy Merlin, enseigne de grande distribution spécialisée dans le bricolage, jardinage et construction, a elle aussi décidé de miser sur les selfies pour son spot publicitaire. En effet, dans celui-ci, plusieurs individus prennent des selfies, mais sur les clichés les visages s’effacent et les pièces rénovées avec des produits Leroy Merlin sont mises en valeur, volant ainsi la vedette aux individus qui sont alors « floutés ».

 

Vidéo publicitaire pour la marque Leroy Merlin

Cette publicité est un « comble » pour les selfies, sachant que le principal objectif de cette pratique est de se mettre en avant.

Le selfie, un miroir moderne

 

selfie

Nous allons à présent nous intéresser aux répercussions des selfies sur les individus.

Des études ont démontré qu’un des besoins primaire de l’être humain consiste à se connecter à d’autres personnes. Dès l’époque préhistorique, l’individu avait pour but de protéger sa tribu afin de conserver les liens construits au sein de celle-ci, des menaces extérieures. Au XXI siècle, ces besoins primaires ont évolué. Selon la théorie de la pyramide de Maslow, la plupart de nos besoins primaires (besoins physiologiques et de sécurité) sont désormais acquis. Les individus recherchent à répondre au besoin de reconnaissance, d’appréciation et d’attention de la part des autres. Le selfie illustre alors cette théorie, c’est en effet un moyen de se créer une identité et une image afin de se montrer aux autres, de la façon souhaitée et réfléchie, notamment sur les réseaux sociaux.

maslow4    Pyramide de Maslow

 

Les prises de selfies sont avant tout motivées par la gloire et le paraître. Il y a donc une tendance narcissique et flattant l’ego, car les utilisateurs mettent leur vie et se mettent eux mêmes en avant. Le selfie peut donc être associé à l’exhibitionnisme.

Cela entraîne également une sorte de dictature de l’idéal de beauté et rend le traitement de l’image de plus en plus dur, ce qui peut troubler l’estime de soi. Les réseaux sociaux accentuent ce phénomène par la volonté de véhiculer une identité idéale, qui créé de la jalousie et de la concurrence entre individus; et qui représente une fausse réalité et une sorte d’autre monde. L’image de l’internaute est ainsi refaite; certaines personnes se créent une vie sur internet et s’identifient réellement à cette fausse identité, ce qui rend la pratique parfois maladive. Ce n’est donc pas la pratique en soi qui est dangereuse, mais le plaisir de se montrer, qui peut devenir une addiction. D’après Fanny GEORGES, maître de conférence à la Sorbonne, « il s’agit d’un narcissisme assumé et partagé, car l’objectif consiste aussi à communiquer vers l’extérieur en se mettant en scène […] en attente de « j’aime » ». Cela soulève donc l’aspect narcissique et tourné vers soi lié aux selfies.

Par exemple, il y a un impact sur les jeunes filles: leur image derrière leur écran leur importe plus que celle devant leur miroir. Par exemple, de nombreux adolescents organisent des fêtes pour se mettre en scène, et les selfies en font parti et sont un moyen de théâtraliser le moment, et donc de se mettre en avant vis à vis des autres notamment en affichant ces selfies sur les réseaux sociaux.

En effet, avec internet, le selfie est devenu un prétexte de photos de profil, le plus souvent avantageuses afin de mettre en avant la meilleure image de soi pour se valoriser.

D’apres le National Institutes of Health, les troubles de la personnalité narcissique sont trois fois plus élevés chez les jeunes de 20 ans que chez les plus de 65 ans. Les valeurs collectives sont alors en diminution.

La pratique est critiquée, moquée mais aussi parodiée, autant  par les internautes que par les humoristes, dans les clips vidéos etc.

  

  Musique #SELFIE de « The Chainsmokers

La chanson a pour « thème » les selfies. Si nous analysons le clip vidéo, nous pouvons voir deux femmes devant un miroir parler entre elles. Nous pouvons ainsi dire que les réalisateurs du clip ont fait le parallèle entre les selfies et la superficialité dont peuvent faire preuve les individus dans la société. Les deux femmes se maquillent tout en se parlant de des sujets jugés superficiels: « Tu l’as vue ? Elle est si petite et sa robe est si  vulgaire », un exemple de phrase dans la conversation des deux femmes du clip. Avec cette conversation, une multitude de selfies de célébrités et anonymes apparaissent à l’écran, la vitesse à laquelle passe ces selfies et le nombre incalculable montrent bien que les selfies « touchent » un nombre important d’individus.

Cette chanson est ainsi devenue une des plus populaires de l’année 2014, y aurait-il un rapport avec le fait que les selfies sont devenus un véritable phénomène de mode ?

 

 

Vidéo Hugo tout seul « les SELFIES » 

Hugo tout seul est un humoriste faisant des vidéos sur Youtube. Dans cette vidéo il aborde le sujet des selfies.

Il dénonce ce phénomène comme une mode visant à prendre la place des « vraies » photos. « Avant les gens prenaient des photos, maintenant ils prennent des selfies » déclare l’humoriste pour démontrer que la plupart des individus ne savent plus prendre d’autres photos que des selfies. De plus il affirme que le terme « selfie » s’est banalisé, et que les individus n’utilisent plus que ce terme et en oublient son sens principal: prendre la photo soi même. Dans sa vidéo l’humoriste illustre ce propos lorsque dans la rue un homme demande de prendre un selfie avec Norman un autre humoriste accompagnant Hugo Tout Seul. L’homme tend alors l’appareil à ce dernier afin de prendre une photo d’elle et de Norman. Il a fait donc  l’amalgame entre «selfie» et «photo».

De plus, l’humoriste déclare qu’avec le développement de la technologie, l’individualisme et le narcissisme se sont aussi développés chez les individus. En effet, avant l’apparition des Smartphones avec caméras frontales, il était assez compliqué de faire des selfies.

Pour finir,  il met en avant le fait que le principe du selfie est de mettre ses « atouts » en avant, il affirme dans la vidéo que « les mecs musclés montrent leurs abdos les mecs riches montrent leur tune [argent] », pour pouvoir les exhiber sur les réseaux sociaux.

La pratique des selfies est devenue de plus en plus commune et à été intégré par de nombreux individus. En effet, si un britannique sur deux a déjà fait un selfie d’après un sondage France TV infos datant d’août 2013; 35% l’ont fait pour immortaliser un bon moment, 34% pour un moment drôle, 15% parce qu’ils se trouvaient bien habillés ou bien coiffés et 13% parce qu’ils étaient juste confiants.

Les individus immortalisent alors immédiatement des moments banaux (vacances, arrivée d’un bébé…).

Pour vérifier ces faits nous avons réalisé un sondage, en France en décembre 2014 sur 40 individus de plus de 15 ans. A partir de ce sondage, nous allons étudier comment les individus interrogés utilisent les selfies, ainsi que ce qu’ils pensent de cette pratique.

Nous remarquons dans un premier temps que tous les individus (excepté une personne de plus de 50 ans) savent ce qu’est un selfie. Cela montre donc à quel point ce phénomène à une place importante dans la société et qu’il touche toutes les générations. Nous observons que sur les 72,5% des personnes prenant des selfies:

-12,5% des personnes interrogées prennent des selfies fréquemment.

-40% des personnes interrogées prennent des selfies occasionellement.

-20% des personnes interrogées prennent rarement des selfies.

De plus, 77,5% des personnes pensent que c’est un phénomène de mode.

Nous avons également demandé aux personnes interrogées ce qu’elles pensaient des selfies.

Pour la majorité d’entre elles, les selfies sont drôles, amusants, divertissants; ces personnes aiment bien en prendre car cela permet de créer des souvenirs notamment dans des lieux et/ou lors d’occasions spéciales.

Viennent à la suite les personnes qui pensent que les selfies sont un moyen de se montrer tout en suivant la mode, que cette pratique est donc narcissique et qui peut être dangereuse (par exemple avec des abus sur les réseaux sociaux).

Enfin, certains individus pensent que cette pratique est inutile/sans interêt et « bête ». Ces personnes se classent alors dans les 27,5% qui ne prennent pas de selfies.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jusqu’où ira le selfie ?

Nous pouvons dès lors dire que le selfie est un phénomène de mode. Toutes les générations prennent part à cette pratique, mais pour diverses raisons: pour une occasion particulière, devant un monument historique ou tout simplement pour se montrer sur les réseaux sociaux. En effet, c’est le « côté sombre » de cette pratique car le selfie est est souvent utilisé de façon abusive par les anonymes autant que par les célébrités. Cette pratique est souvent montrée du doigt comme étant une pratique narcissique reflétant la société actuelle qui tend à être de plus en plus individualiste; comme le souligne le sociologue américain Goffman qui explique « En tant qu’acteurs, les individus cherchent à entretenir l’impression selon laquelle ils vivent conformément aux nombreuses normes qui servent à les évaluer, eux-même et leurs produits. »

Cette pratique, étant pourtant la même pour tous les individus, n’est pas pratiquée avec les mêmes intérêts selon la classe :
-les célébrités le font pour se mettre au même niveau que leur public
-les individus anonymes afin de se mettre en avant (notamment sur les réseaux sociaux tels qu’Instagram et Twitter)
– les entreprises et les marques pour promouvoir leurs produits, car le selfie est « la tendance du moment », ce qui leur permet de toucher un maximum d’individus qui pourront s’identifier aux publicités.

Ainsi, nous pouvons qualifier le selfie de lisseur social.
Cette pratique permet à l’individu de se déterminer une place dans la société, d’être vu et reconnus par les autres. Elle n’est donc pas que narcissique, c’est aussi un moyen de se comprendre en regardant les clichés pris en « s’auto-graphiant », car se regarder, s’auto-graphier, c’est déterminer comment nous sommes vus, reconnus auprès des autres. Ceci explique alors les  82 % d’individus qui prennent des selfies mais ne les publient pas sur les réseaux sociaux (chiffre résultant du sondage fait en décembre 2014 auprès de 40 individus français de 15 ans et plus).
Nous revenons à l’étymologie du mot selfie (self= soi en anglais) qui vérifie alors son sens: « photographie de moi-même pour moi-même ».

Cependant, le sens étymologique du mot est modifié car les selfies ne sont pas uniquement utilisés « pour soi-même ». L’image et l’usage que les individus font des selfies change donc.
Mais jusqu’où irons les selfies?

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